Merci Annie


Qui suis-je ? Qu'est-ce que ce projet ?

Ma tête

Salut ! Moi c’est Paul, jeune ingénieur amiénois diplômé en octobre (si tout va bien) en systèmes et réseaux informatiques. En octobre 2024, je pars pour les Îles Kerguelen avec l’Institut Polaire Français sur la base scientifique de Port-Aux-Français. Là-bas je serai l’informaticien de la base et en charge de quelques mesures pour les observatoires sismologiques et géomagnétiques de l’École et Observatoire et des Sciences de la Terre (EOST).

Comment m’est venue cette idée ?

Depuis 2022/2023, alors que la fin de mes études se profilait, je commençais à avoir sérieusement envie de voyager et plus globalement de voir autre chose. Après un stage à la fin duquel je ne tenais plus tranquille sur ma chaise, je suis parti découvrir le WWOOFing en Norvège pendant 1 mois dans un élevage ovin (d’où la photo plus haut :)). Je crois que c’est en retournant à l’école en septembre 2023 et en retrouvant le rythme planplan des cours que je me suis dit qu’un travail d’informaticien normal, ça n’allait pas le faire du tout ! J’ai donc commencé à envisager de partir à l’étranger, de faire d’autres volontariats, ce genre de choses.

Un peu plus tard en octobre 2023, j’ai commencé mon alternance de fin d’études à Rennes, où je logeais chez une vieille dame : Annie. J’ai pas mal discuté avec elle de ce que je voulais faire plus tard, de mes envies de voir autre chose, de voyager, de rencontrer des gens différents, etc. Un peu plus tard, un soir en rentrant du travail, je me fais alpaguer dès l’entrée de l’appartement : Annie venait de lire sur le journal Ouest-France que l’IPEV embauchait des gens pour partir en Antarctique et à directement pensé à moi !

À partir de là, je me suis renseigné pendant quelques jours. Un Volontariat de Service Civique était disponible pour un hivernage dans l’un des 4 districtes des TAAF : Crozet, Amsterdam, Kerguelen et Dumon d’Urville. Les compétences recherchées correspondaient complètement aux miennes et à mon parcours plutôt orienté systèmes informatiques. Ni une ni deux, j’ai donc postulé à cette offre incroyable !

Le recrutement

Le recrutement a été (très) long, il a duré environ 8 mois ! Après avoir postulé en octobre 2023, je n’ai eu des nouvelles de ma candidature qu’en février : j’étais invité à passer des entretiens début mars dans les locaux de l’IPEV à Brest. Un peu plus tard j’apprendrai que j’ai déjà eu beaucoup de chance car seule une quinzaine de personnes ont été retenues sur une centaine de candidatures.
A la suite de ces entretiens, j’ai attendu quelques semaines avant d’avoir une réponse. Positive (sinon je ne serai pas là à vous raconter tout ça), j’étais retenu pour passer les examens médicaux à Paris fin mars ! Ces examens ont pour objectif de définir si nous sommes aptes ou non à partir dans un environnement isolé pendant une longue période, autant sur le plan physique que psychologique. Radiographies, bilans ophtalmiques et dentaires, électrocardiogramme, analyse en tous genres, un rendez-vous de 3h (3h!! A la fin c’était dur) avec la psychologue des TAAF, tout y passe. Quelques jours après cette journée à Paris, je reçois par mail mes résultats : je suis apte ! Malgré un trop haut taux de je ne sais plus trop quoi parce que je mangeais trop de sandwichs au travail bahaha.
Cependant, cette aptitude ne signifiait pas que j’étais retenu pour autant. Chaque année, l’IPEV envoie environ 20 % de candidats en plus aux visites médicales pour pallier la proportion non négligeable d’inaptitudes décelées.

C’est à partir de ce moment que l’attente a été la plus longue. D’un côté, je savais que statistiquement j’avais de bonnes chances de partir. D’un autre, rien ne me le garantissait. C’était donc assez compliqué de prévoir la suite de mon parcours : est-ce que je continuais dans mon entreprise (qui m’avait fait une offre d’embauche) ? Est-ce que je commençais à chercher un VIE pour tout de même partir à l’étranger ? Est-ce que tous ces plans allaient tomber à l’eau parce que j’étais pris à l’IPEV ?

Pour patienter, je suis parti sur un quasi-coup de tête faire deux semaines de WWOOFing en Irlande pendant les ponts de mai. J’étais tout au nord du pays, dans le Donegal, dans une ferme en presque autosuffisance qui ressemblait vraiment à un petit bout de paradis. J’habitais en haut d’une coline qui donnait sur la baie séparant le Donegal de l’Irlande du Nord et une petite montagne au fond. L’ambiance que dégageait cette ferme et les gens que j’ai pu y rencontrer était vraiment incroyable, appaisante et dépaysante.

Les mois passèrent, et l’été arriva. Le vendredi 14 juin, un peu après le déjeuner, j’ai reçu un appel d’un numéro inconnu. D’habitude j’ai tendance à les ignorer parce que ce sont souvent des pubs, mais je me rappelle qu’à chaque fois que l’IPEV m’a appelé c’était avec un numéro de ce type que je ne connaissais pas. La personne en charge du recrutement de l’IPEV venait m’annoncer que j’étais retenu pour partir aux îles Kerguelen. J’étais évidemment le plus heureux du monde à ce moment et ai tout de suite accepté (parce qu’elle m’avait demandé si cette assignation me convenait bahaha).

La morale de cette histoire

Sur plus d’une centaine de candidats, 4 seulement ont été retenus.

Quand j’y pense, je me dis que j’ai beaucoup de chance d’avoir fait partie de ces 4. Ce n’est pas que de la chance, mais quand même. Si je n’avais pas fait cette alternance à Rennes, si je n’avais pas logé chez Annie en octobre 2023, si je n’avais pas eu les expériences que j’ai eues qui ont fait que j’ai probablement plu au jury, je n’aurais probablement pas été retenu pour partir à Kerguelen.

Je retiendrai que le hasard fait bien les choses, et qu’on a beau se moquer des petits vieux avec leurs journaux format papier, mais parfois c’est quand même bien pratique :)

Aujourd’hui

Au moment où j’écris cet article, environ 3 mois se sont écoulés depuis l’annonce. Depuis, j’ai passé ma soutenance de fin d’études et devrais normalement bientôt recevoir mon attestation de réussite de cursus (le diplôme arrive en mai 2025 donc j’aurai un papier équivalent d’ici là), j’ai préparé et envoyé mes cantines pour l’hivernage et me voilà à Strasbourg en train de suivre les formations liées à mon travail une fois sur place. Je réalise chaque jour un peu plus la chance et le privilège que j’ai de partir là-bas, au bout du monde. J’ai déjà pu rencontrer des personnes incroyables et je me suis rarement autant senti à ma place quelque part.

Mais je vous raconte tout ça dans le prochain article :)

A bientôt !